Être ET ne pas être, telle est la réponse"

"Ainsi la conscience fait de nous tous des lâches ; ainsi les couleurs natives de la résolution blêmissent sous les pâles reflets de la pensée ; ainsi les entreprises les plus énergiques et les plus importantes se détournent de leur cours, à cette idée, et perdent le nom d'action..."

Hamlet, porte parole du grand Will, nous plonge dans notre moderne angoisse. Savoir que vivre apporte son lot d'enfermement, et savoir qu'on ne sait rien de l'après, cela nous ferait-il encore baisser les bras ?
Est-ce ce qui, aujourd'hui, expliquerait que, bien que le verbe, des plus puissants aux plus humbles, chantât les vertus du partage et de la foi dans l'improbable, notre monde reste stagnant dans une inertie apeurée face à la CRISE !!! Le mot est lâché !

Quelque chose de pourri ? Oui, la pourriture est lovée dans la peur de ...manquer d'argent ! alors que l'on croule sous pléthore de nourriture, de biens de consommation et que cela n'empêche pas l'immonde pauvreté qui nous fait si peur.
Peur pourquoi ? parce qu'on ne veut pas avoir froid ? peur parce qu'on ne veut pas avoir faim ?
Peur parce qu'on craint par-dessus tout de ne plus être catalogué comme "réussissant" !
Quelque chose de pourri... être, aujourd'hui, ne se conçoit que dans l'image qu'on renvoie de soi... ce qui est d'une totale "inconsistance", d'une absolue inanité.
Plus que l'agir, c'est le discours sur l'agir qui règne...et cela fait-il encore de nous, des lâches ?
Oui, cela fait de nous des lâches, parce que nous n'osons plus croire à l'autonomie et que nous baissons les yeux devant le Roi Marché, les malédictions de Mister Keynes et de son opposé Herr von Hayek !

« Être, ou ne pas être, telle est la question. »
A y bien réfléchir, le grand Will lui-même, nous a enfermés dans une terrible question. Ce "OU" est la cause de bien de nos maux.
Malédiction ! On ne peut être et ne pas être...

Et si ce n'était qu'une vue de l'esprit ?
Et si Vivre n'était pas l'absolue opposition à Mourir ?
Enfin, quittons pour l'instant les considérations métaphysiques.
Ce qui est pourri dans notre monde, c'est cette vertu du "OU" qui nécessite que nous soyons "d'ici ou d'ailleurs" et que, de ce fait, nous posions des frontières partout. Dès que je m'affirme ceci ou cela, on entend que je ne suis pas cela ou ceci...Porte ouverte à toutes les guerres.
Sera-t-on assez fou pour seulement oser penser qu'on peut être et ne pas être... et réciproquement ?

Jacqueline Bastide 12 janvier 2009