Se libérer de la peur

Je ne sais plus qui disait que le contraire de l'amour, ce n'est pas la haine, c'est la peur. Et cette phrase explique, à mon sens, toute guerre, qu'elle soit intestine ou tournée vers l'Etrange Etranger. La peur est ce fantasme qui fait que l'Autre ne peut qu'être pétri de mauvaises intentions. Cet Autre, c'est aussi bien mon voisin de palier, que la grippe A/H1N1 ou Dieu ou Diable eux-mêmes, prenant l'identité de ce qui peut faire mourir mon corps. Parfois, je suis moi-même cet Autre terrifiant et la prison se referme comme les crocs d'un piège à loup. Quand on me parle de sécurité, on me parle d'insécurité. Quand on me parle de citoyenneté, on me parle d'incivisme. Quand on me parle de prévention du mal, on me parle de terreur rampante. Et n'est-ce pas là le plus sûr moyen de me faire me retirer dans ma tour d'ivoire, elle-même sise dans mon pré carré, lui-même clos de barbelés ? Se libérer de la peur, c'est l'affronter. Tant qu'on fuit le Dragon, on le magnifie. Lorsqu'on lui fait face, il s'évanouit...oh pas comme une femmelette qui a ses vapeurs, comme un mirage en plein désert. L'objet de ma peur n'est jamais que ma peur elle-même. Oser caresser le Dragon, ou au moins s'imaginer le caressant est le remède absolu. Il suffit de rejouer le Belle et la Bête...et l'Amour s'occupe du Monde.
Jacqueline Bastide 11 octobre 2009