Ultimatum

D'où me vient cette terrible sensation d'être coupée en deux ? Pourquoi ce corps me semble-t-il retenir prisonnier tout ce désir d'autre chose qui me laisse la bouche amère ?

J'ai beau me regarder, ce n'est pas moi que je vois. C'est une figure, un pantin, une pâle représentation du rôle social que je m'évertue à tenir, vaille que vaille.

Est-ce moi, cette femme verticale ? Est-ce moi ce guerrier femelle qui ne se laisse jamais désarçonner ?

Ou suis-je ce que je ne vois pas, ce chant divin qui m'appelle, cet être à la fois protecteur et protégé ?

Je ne sais.
Mais je ne peux perdre l'espérance. Cette espérance n'est pas un vain espoir. Elle est la foi absolue dans le fait que l'étincelle de vie qui me tient debout fait de moi un être d'inspir, double, de chair et d'âme, limité et infini et je n'ai pas de désespoir, juste une indicible langueur, car dis-tu,

" Tout désespoir est un ultimatum à Dieu."

et à quoi donc pourrais-je l'acculer, Celui dont je suis faite ? 
Continuer est de mon ressort, parce que je suis Lui et qu'Il est moi et que rien, jamais, ne pourra mettre qui que ce soit en demeure de se substituer à la toute puissance de chacun d'entre nous.

Jacqueline Bastide 24 mars 2010